Cher Père Evêque, chers confrères et amis, et surtout vous, chère Françoise, que la Paix du Ressuscité soit avec nous tous ! Et voilà, Daniel a pris son départ de sa vie terrestre pour rejoindre la Patrie Céleste. L’abbé Louchard avait voulu explicitement que ce soit un petit frère de Tibériade qui fasse l’homélie. Les circonstances et mon supérieur ont voulu ce que soit moi, qui n’est pas celui qui le connaissait le mieux, qui a été missionné pour être parmi vous ce matin. Même si je ne l’ai pas bien connu, je peux attester que l’abbé Daniel Louchard m’a touché. Oui, en lui, c’est une belle figure de prêtre que le Seigneur nous a donné.
Le texte de l’Evangile des deux disciples d’Emmaüs convient tellement bien à la vie et la personnalité de notre ami défunt. Le Christ rejoint incognito deux disciples découragés, tristes. L’abbé avait cet amour des jeunes, son souci de leur ouvrir les yeux à l’amour du Christ, comme en témoigne son engagement dans le collège Arts et Métiers d’Erquelinnes. Daniel le savait, dans la pastorale des jeunes, il faut savoir être patient, cheminer avec les jeunes avec bienveillance, comme le Christ qui demandait aux deux : « Pourquoi êtes-vous triste » ?
L’abbé aimait la liturgie soignée, l’agencement de la chapelle du Collège d’Erquelinnes, avec un espace distinct pour la table de la Parole et la table de l’eucharistie, en témoignait. Il avait expérimenté combien la Parole de Dieu proclamée, expliquée dans l’Esprit-Saint, rendait leurs cœurs tout brûlants.
L’abbé Louchard était un homme de conviction, mais avec un cœur sensible. Parfois il a pu se sentir un peu incompris de ses frères-prêtres, à cause de son amour plus classique de l’expression de la foi de l’Eglise. Aimant les aspects plus traditionnels, il pouvait néanmoins s’enthousiasmer pour les communautés nouvelles, fruit de l’action de l’Esprit-Saint qui fait sans cesse jaillir des germes de renouveau sur l’olivier de l’Eglise du Christ. Les deux communautés nouvelles présentes ici, les Béatitudes et la Fraternité de Tibériade regretteront un père confesseur hors pair, offrant le pardon de Jésus dans une lumière d’espérance pour tout pénitent qui venait le rencontrer.
Aimant l’Eglise, confiant que la barque de Pierre vaguait au souffle de l’Esprit, il lisait et assimilait les enseignements des papes. Il vivait déjà Laudato Si à la maison avec son jardin soigné et son petit verger dans le jardin.
Daniel était toujours présent lors de nos professions monastiques, se réjouissant et se laissant émouvoir par l’engagement de jeunes à la suite du Christ. Il y puisait force et courage pour continuer son chemin sacerdotal, alors qu’il était lui-même, pour chacun de nous, un exemple de fidélité à travers des joies et les peines d’une vie donnée au Christ et à l’Eglise dans le sacerdoce diocésain.
Daniel aimait être prêtre, et il y ajoutait une petite touche monastique. Dans sa maison, il s’était aménagé une chambre chapelle avec une stalle et lorsque la maladie l’a frappé, il avait fait installer une chaise élévatrice sur sa rampe d’escalier afin de pouvoir continuer à célébrer la messe dans sa chapelle à la maison. Même cloué au lit, il continuait à célébrer sa messe quotidienne. En recevant le faire-part de décès, j’étais frappé de voir que toutes les photos de lui, le montrent dans son identité de prêtre.
Sa dernière maladie le frappa durement, et fut une longue épreuve. Nous tous avons été touché de voir les soins attentionnés de Françoise pour son frère prêtre. Merci Françoise de nous avoir montré un tel amour de sœur à frère.
Cher Daniel, maintenant, tu entres dans la grande lumière du Seigneur. Toi qui a tant de fois donné l’absolution, tu reçois maintenant aussi le pardon du Seigneur. Oui, comme tu nous l’as demandé, nous prions pour toi et rendons grâce à Dieu pour ta vie de prêtre et de disciple de Jésus. Maintenant que tu es arrivé à notre destination commune, nous te demandons à notre tour de prier pour nous. Et tout spécialement pour les vocations.
Le grain de blé est tombé en terre et il a germé, nous savons que la récolte du Seigneur par le don de ta vie sera abondante. En signe de la fécondité de ta vie oblative, je dépose ce blé sur ton cercueil, signe de ce que Dieu fait en toi.
Alors avec audace et confiance en l’amour de Jésus, nous demandons au Seigneur que par ton intercession tu envoies des jeunes pour le service sacerdotal du diocèse de Cambrai et aussi des vocations belles et solides pour les Béatitudes et Tibériade pour travailler dans le grand champs de l’Eglise.
Sois béni, cher Abbé Daniel, et nous nous réjouissons déjà de se retrouver un jour ensemble dans cette communion éternelle dans la lumière de Dieu.
Amen !
Pére Pascal (frère de la communauté Tibériade)